20

Bien que recroquevillée en position fœtale dans l’une des couchettes du Faucon, le regard fixe et vitreux, Saba semblait plus ennuyée par ses blessures que réellement souffrante. Ses lèvres graniteuses étaient toutes atrophiées, sa langue fourchue dépassait de ses crocs et les griffes de ses mains étaient complètement déployées. Sa queue bandée était fermement enroulée autour de son arrière-train et Leia était incapable de savoir si elle respirait ou pas. Ses narines semblaient toutes contractées et sa poitrine s’avérait immobile.

— On dirait qu’elle est en train de mourir, chuchota Alema par-dessus l’épaule de Leia. Vous croyez qu’elle meurt ?

— Je suppose qu’elle est en état de transe guérisseuse, fit Leia.

— Peut-être, mais on dirait vraiment qu’elle est en train de mourir.

La langue de Saba surgit soudain pour laper un peu d’air, avant de disparaître de nouveau entre ses crocs, provoquant un mouvement de surprise chez Leia et Alema. Les yeux de la Barabel étaient toujours fixes et vitreux.

— C’est bien ce que je disais. Transe guérisseuse.

— Vous croyez qu’elle s’en sortira ?

Leia étudia le pansement de soie qui recouvrait la moitié du crâne de Saba.

— Avec une telle blessure à la tête, n’importe qui d’autre serait déjà mort depuis longtemps, dit-elle. Mais Saba est une Barabel. Alors, qui sait ?

Au bout d’un petit moment, Leia atténua les lumières et ordonna au mediordinateur de la prévenir au cas où l’état de Saba venait à s’aggraver. Puis elle demanda à Alema :

— Que diriez-vous d’une bonne tasse de chocolat chaud ? Luke en a ramené un absolument succulent.

— C’est vrai ? Du chocolat chaud ? s’exclama Alema. (Plutôt rare à dénicher, le chocolat était devenu un plaisir de Hutt après que les Yuuzhan Vong avaient pris le contrôle des huit planètes capables de faire pousser les cosses nécessaires à sa production.) Mais vous ne devriez pas être au poste de pilotage, avec Yan ?

— Ne vous en faites pas pour ça. (Leia prit la Twi’lek par le bras et la conduisit vers l’avant de l’appareil. Le Faucon venait tout juste de quitter Qoribu et se préparait à passer en hyperespace.) Juun a pris ma place. Yan devient vraiment gaga de ce petit bonhomme.

Alema recroquevilla ses lekku.

— On ne dirait pas, pourtant.

Leia lui adressa un sourire.

— C’est parce que Yan ne s’en est pas encore rendu compte. (Ils pénétrèrent dans la cabine principale.) Et puis, de toute façon, il nous reste du temps. Asseyez-vous.

Leia sortit quelques graines blanches d’une petite boîte et les disposa dans le multiprocesseur de la kitchenette. Elle pressa sur la touche sécher et réduire en poudre, avant de se tourner vers la Twi’lek, le poing posé sur la hanche, et d’étudier Alema avec cet air mi-intéressé, mi-préoccupé dont l’effet apaisant n’avait jamais cessé de faire ses preuves depuis le temps où elle n’était encore qu’une jeune Sénatrice au service de l’Ancienne République.

Leia aurait dû se douter qu’Alema Rar n’allait pas y être sensible. Souple, magnifique et toujours élégante, la Twi’lek était habituée à ce qu’on la regarde. Elle se contenta de fixer Leia à son tour, en lui donnant l’impression que c’était elle qui n’était vêtue que d’une robe chemise sans manches.

Le multiprocesseur bipa, autorisant Leia à se tourner gracieusement. Elle ajouta beaucoup d’édulcorant et une très faible quantité d’eau, puis activa la touche agiter et réchauffer.

— Vous avez une façon bien compliquée de faire du chocolat chaud, fit remarquer Alema. Normalement, on le prépare avec le bec verseur.

— Oui, mais le mien est bien meilleur, fit Leia en se tournant vers Alema. Croyez-moi.

— Bien sûr, répondit Alema. Y a-t-il une raison pour que je ne le fasse pas ?

Leia commença à se demander qui questionnait qui. Elle attendit quelques instants avant d’ajouter le lait, puis ordonna au multiprocesseur de faire lentement réchauffer la mixture, avant de rejoindre Alema autour de la table.

— Bon alors. (Leia adopta son ton le plus maternel et se pencha en avant.) C’est quoi l’histoire ?

Alema fronça les sourcils, mais n’eut aucun mouvement de recul.

— Quelle histoire ?

— La raison pour laquelle vous êtes là, avec nous, répondit Leia. Nous savons toutes les deux que Juun aurait parfaitement pu esquiver les Yoggoy.

Une lueur de doute finit par trahir le visage d’Alema et elle laissa tramer son regard en direction du multiprocesseur.

— Vous ne devriez pas vous occuper du chocolat chaud ?

— Ça sonne quand c’est prêt. (Leia continua de fixer Alema droit dans les yeux.) J’ai bien vu comment Jaina et Zekk ont réagi, Alema.

— Ça ne veut pas dire que…

— Vous êtes absolument incapable de commencer une phrase sans qu’un autre ne la termine à votre place, dit Leia.

— C’est à cause de la fusion mentale. On s’est vraiment rapprochés pendant la mission voxyn.

— Autant que ça ? s’étonna Leia. Et quand avez-vous commencé à utiliser la fusion mentale avec les Killik ?

Alema sembla réellement perdue.

— Nous n’avons rien fait de tel. Ils ne sont même pas sensibles à la Force.

— Je le sais bien. (Leia lui adressa un sourire maternel.) Mais il existe une connexion mentale, surtout avec vous. Je l’ai bien vu pendant votre danse.

Alema fixa de nouveau le multiprocesseur, mais se rendit compte que le bip tant attendu n’allait que retarder l’inévitable.

— Vous avez peut-être raison, dit-elle. Ce n’est pas quelque chose dont on a conscience. On a comme un sentiment d’appartenance… et soudain, notre esprit devient omniscient.

Leia se demanda s’il existait, au sein de l’Alliance Galactique, des désenvoûteurs capables de s’occuper du cas de huit Jedi.

— C’est difficile à décrire, ajouta Alema, sur la défensive. On est conscient de tellement de choses. On voit hors du nid lorsque l’on se trouve à l’intérieur, et dedans quand on est dehors. On ressent comme une sorte de… totalité.

— J’ai entendu dire que le glitterstim faisait le même effet, rétorqua sèchement Leia.

— C’est encore meilleur, dit Alema. On ne tombe pas malade. C’est totalement inoffensif.

Leia commençait à saisir pourquoi l’engouement de la Twi’lek pour Anakin avait toujours inquiété Yan. Puis elle retourna à la kitchenette et sortit deux tasses vides qu’elle remplit de quelques épices et d’une graine d’orchidée.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Alema, en venant se placer à ses côtés.

— Des épices, répondit Leia.

Alema écarquilla les yeux.

— Rassurez-vous. Pas ce genre d’épices, ajouta Leia. C’est juste pour donner un peu plus de saveur.

Le multiprocesseur bipa. Leia remplit les deux tasses et y ajouta deux bonnes cuillerées de marshmallow avant d’en tendre une à Alema.

— Et puis, vous vous trompez, reprit Leia. Ce que vous ressentez est loin d’être inoffensif.

Alema fixa sa tasse, apparemment confuse.

— Au sujet de la Colonie, poursuivit Leia. A moins que vous ayez déjà oublié l’attaque de l’Ombre ? Et l’effondrement de la tour sur Yoggoy ?

— Vous n’avez pas le droit d’accuser la Colonie. Les Taat ont tout de même sauvé la vie de Saba.

— Uniquement parce quelqu’un d’autre avait essayé de la tuer.

— Impossible que ce soit des Killik. Saba a dit s’être fait attaquer par… un homme. Vous l’avez entendu tout comme moi.

— Elle était persuadée qu’il s’agissait de Welk, fit Leia, insistant bien sur le nom. Saba a aussi précisé que le Jedi Obscur protégeait un nid Killik. Un nid avec deux Killik bleu foncé. Leia émit une pause, puis demanda : Vous savez de qui il s’agissait ?

— Cela ne tient pas debout, répondit Alema. Il n’existe pas de Killik bleu foncé – du moins, personne n’en a jamais vu.

La réponse aurait pu s’avérer très convaincante si Alema n’avait pas furtivement détourné le regard. Leia porta la tasse à ses lèvres, but une gorgée et savoura la soyeuse douceur du nectar tout en cherchant à deviner ce que la Twi’lek pouvait bien lui cacher.

— Et moi, je crois que si, finit-elle par observer. Mais vous refusez tout simplement de me le dire.

Alema avala elle aussi une gorgée, en camouflant discrètement son visage derrière sa tasse.

— Nous sommes tous choqués de ce qui est arrivé à Maître Sebatyne. Pourquoi s’amuserait-on à cacher des informations ?

— Pour la simple et bonne raison que vous essayez de protéger les Killik. (Leia retourna à la table et s’assit.) Ce que je ne saisis pas, c’est pourquoi vous avez voulu venir avec nous. Vous avez peur que l’on découvre le secret qu’ils essaient de protéger ?

— Délicieux. (Alema leva sa tasse pour lui indiquer qu’elle parlait du chocolat chaud.) Il est bien meilleur comme ça.

Leia ignora le compliment.

— A moins que vous ne craigniez que ce qui est arrivé à Maître Sebatyne nous arrive à nous aussi ?

Alema souleva de nouveau sa tasse, mais elle engloutit le contenu bien trop rapidement pour réellement l’apprécier.

— Alors, c’est donc ça, dit Leia. Vous essayez de nous protéger.

— Pas du tout. (Alema vint la rejoindre autour de la table.) Vous n’avez pas besoin de protection – en tout cas, les Killik ne vous veulent aucun mal.

— Quelque chose effraie les Chiss, fit remarquer Leia.

— Oui. Ils craignent que l’Alliance Galactique apprenne ce qu’ils ont fait sur Qoribu.

— Moi, je dirais plutôt qu’ils ont peur des Killik, rectifia Leia. Et vous nous en cachez les raisons. Tous autant que vous êtes.

— Il n’y a rien à cacher, rétorqua Alema. La xénophobie des Chiss n’est plus à prouver. Et dès qu’il s’agit d’insectes, elle tourne carrément au fanatisme. Simplement parce qu’une forme vivante est dotée de six jambes, ils se sentent le droit de l’écrabouiller.

— Bien tenté, fit Leia. Mais ne changez pas de sujet.

Leurs tasses vibrèrent légèrement lorsque le Faucon passa en mode hyperespace. Leia décida qu’il était temps de durcir le ton.

— Alema, qui étaient ces insectes que Welk cherchait à protéger ?

La Twi’lek évita de croiser le regard de Leia.

— Je n’en sais pas plus que vous.

— OK, dit Leia. J’ai une théorie. Ces insectes étaient exactement ce que Saba pensait qu’ils étaient : des tueurs de la Colonie.

Alema secoua la tête.

— Pourquoi la Colonie aurait-elle besoin de tueurs ?

— Parce qu’Unu veut ses propres Jedi, répondit Leia. Et pour cela, il doit nous barrer la route.

— Non, insista Alema. La Colonie ne tuerait jamais personne.

— Et moi, je vous dis que si, fit Leia. C’est la raison pour laquelle Raynar voulait nous laisser partir.

— Il vous a laissés partir parce qu’il vous croyait capables de garder un secret. Unu n’a rien à voir avec les attaques contre vous et l’Ombre. C’était…

Alema fronça de nouveau les sourcils, comme si elle essayait de se souvenir du nom de l’assaillant de Saba.

— Welk, déclara Leia. C’est bizarre que vous ayez autant de mal à vous rappeler de celui qui vous a trahis.

— Cela ne veut rien dire, rétorqua Alema. Vous me perturbez avec votre thèse comme quoi la Colonie essaie de vous tuer. C’est tout.

Sa phrase ne fit qu’accroître les soupçons de Leia.

— Je suis désolée. Peut-être vous souvenez-vous du nom du Maître de Welk ? Comment s’appelait-il, déjà ?

— Elle, précisa Alema. Bien essayé, cependant.

— Vous vous souvenez de son nom, alors ?

Alema réfléchit un moment avant de demander :

— En quoi cela peut-il nous aider ? Ils sont morts tous les deux.

— Dans ce cas, ça ne peut pas être Welk qui a attaqué Saba, fit remarquer Leia.

Alema secoua fermement la tête.

— C’est impossible. Il est mort quand le Flier s’est écrasé. En même temps que… son Maître.

Ce fut au tour de Leia de froncer les sourcils. La vérité – ou plutôt, le souvenir qu’Alema en avait – semblait changer sous ses yeux.

— Qui était-ce, alors ?

— Probablement un espion Chiss, répondit Alema.

— Avec un sabre laser ?

— Il pourrait très bien l’avoir volé, dit Alema. Ou même trouvé.

— C’est possible, coupa Leia. Mais il y a peut-être une autre hypothèse : et si Welk avait survécu au Crash ?

Alema fit non de la tête et prit une voix beaucoup plus passionnée.

— Les Yoggoy n’ont trouvé que Raynar sur le lieu du Crash.

— Ça ne veut pas dire qu’il est le seul à avoir survécu, insista Leia. Jacen ne vous a rien dit ? Il était présent, lui aussi. Il a vu Raynar tirer Welk et Lomi hors de l’appareil.

— C’est ce que dit Jacen, admit Alema. Mais c’est tout bonnement impossible. Lorsque que le Flier s’est écrasé, il se trouvait à bord du Baanu Rass avec nous. Ou prisonnier de Vergere sur Coruscant.

— Exact, reconnut Leia. Et pourtant, il a vu ce qui s’est passé pendant le Crash. Je ne sais pas comment, mais c’est la vérité.

— Il dit qu’il a tout vu. (Alema se leva brutalement, prête à quitter la table.) Mais rien ne prouve que ce soit vrai.

Leia parut troublée par son étrange réaction.

— Lorsque j’étais sur le lieu du Crash, il m’a parlé. En même temps qu’il était sur Jwlio, dit-elle. J’ai donc tendance à le croire.

— Vous pouvez. C’est votre fils, fit remarquer Alema.

— Et j’ai vu de quoi il était capable. Pourquoi vous est-il si important de croire que Jacen a tort ?

— Et pourquoi vous est-il si important de croire le contraire ?

— J’essaie de savoir qui a bien pu nous attaquer. Mais je suis quasiment sûre que Welk était dans le coup. Peut-être même Lomi…

— Peu importe ce que Jacen pense avoir vu, dit Alema. Ils sont tous les deux morts.

— Vous en êtes absolument certaine ?

Alema acquiesça.

— Nous… (Alema devint toute pâle et de drôles de grognements sortirent de sa gorge.) La Colonie le sait.

— La Colonie ? Alema, de qui essayez-vous de nous protéger ?

— De personne ! (La Twi’lek frappa du poing sur la table.) Vous n’avez rien à craindre. Il vous suffit juste de faire ce que nous vous disons.

— Nous qui, Alema ?

Les yeux de la Twi’lek s’ouvrirent en grand. Puis elle se redressa en percutant la table. Elle avait beau remuer les lèvres, aucun son ne sortait de sa bouche. Les Noghri apparurent en silence à l’entrée de la cabine. D’un clin d’œil, Leia leur fit signe d’attendre.

Alema finit par reposer la tasse et leva les yeux. Puis Leia déclara :

— Je suis bien contente de voir que votre jugement est erroné.

— Vous avez raison, dit Alema. Nous… je… m’excuse.

La Twi’lek tourna les talons et quitta la cabine si rapidement que les Noghri n’eurent même pas le temps de se pousser. Leia ne courut pas après elle. Il lui restait encore du temps pour la questionner avant que le Faucon n’arrive sur Ossus. Et puis elle en savait suffisamment pour le moment. Elle ferma les yeux et entra en contact avec Luke à travers la Force, dans l’espoir de pouvoir lui faire part de la sensation de danger qui semblait régner à bord de l’Ombre, depuis qu’ils avaient décollé de Qoribu.

Le Roi des Affiliés
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